120 personnes interpellées à Paris
Les forces de l'ordre sont intervenues jeudi en début de soirée non loin de l'Assemblée nationale, sur la place de la Concorde, occupée par des milliers de manifestants hostiles à la réforme des retraites, ont constaté des journalistes de l'AFP.
A 21h00 GMT, 120 personnes avaient été interpellées, notamment pour participation à un groupement en vue de commettre des dégradations, a indiqué à l'AFP la préfecture de police de Paris (PP).
Selon la préfecture de police, les forces de l'ordre sont entrées en action, notamment avec des canons à eau, après une tentative de dégradation du chantier de l'Obélisque, au centre de la place. Leurs charges et l'utilisation de gaz lacrymogènes ont éloigné les manifestants du pont qui mène à l'Assemblée nationale, et les ont repoussés de l'autre côté de la place.
© AFP — Place de la Concorde, Paris. Dans la soirée, quelques centaines de personnes se trouvaient toujours sur la place, où les sapeurs-pompiers sont intervenus pour éteindre plusieurs départs de feu sur le chantier de l'Obélisque, notamment sur des planches et une pelleteuse. Des poubelles ont aussi été incendiées dans les rues alentours, a indiqué la préfecture de police.
Au milieu de l'après-midi, les premiers manifestants s'étaient rassemblés sur la place à l'appel du syndicat Solidaires, alors que la Première ministre Elisabeth Borne venait d'annoncer devant les députés que la réforme controversée des retraites passerait sans vote des députés.
© Photo News — Place de la Concorde, Paris. © ANP / EPA — Place de la Concorde, Paris. Les manifestations en images
En "colère" ou "révoltés": plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés dans plusieurs villes de France jeudi pour protester contre la réforme des retraites et le déclenchement de l'article 49.3, des manifestations parfois marquées par des tensions et des dégradations.
Des députés de la majorité "abasourdis", "sous le choc" du 49.3
Un "gâchis", un "choc" voire un "crash": plusieurs députés de la majorité se disent "abasourdis" par le recours du gouvernement au 49.3 sur la réforme des retraites, notamment au MoDem, qui "a plaidé jusqu'au bout" pour un vote.
Chez les centristes, Erwan Balanant (MoDem) est sorti "sous le choc" de l'hémicycle, raconte-t-il à l'AFP. "C'était une erreur de faire le 49.3 sur un texte comme ça vu l'état de notre démocratie. Il fallait aller au vote, quitte à perdre. Je suis sous le choc", a réagi cet élu du Finistère, en évoquant une situation "qui s'approche de la crise de régime".
Le président du groupe MoDem Jean-Paul Mattei a "été extrêmement courageux, il a dit à chaque réunion qu'il fallait aller au vote", selon Erwan Balanant. C'était aussi ce que portaient les patrons des groupes alliés Renaissance et Horizons, Aurore Bergé et Laurent Marcangeli. Dans un communiqué, l'ensemble du groupe des 51 députés MoDem souligne ainsi avoir plaidé "jusqu'au bout en faveur d'un vote".
Au sein du groupe Horizons, André Villiers, un des plus réticents à la réforme, estime que "c'est un gâchis à retardement" et que "dans l'opinion publique les choses resteront très cristallisées".
Chez Renaissance aussi, certains élus macronistes ne cachent pas leur incompréhension. A une réunion Renaissance peu avant l'officialisation du 49.3, les députés étaient "abasourdis", selon un participant. Ils anticipent "l'enchaînement possible derrière". Pour un responsable du groupe majoritaire, sous couvert d'anonymat, "c'est un crash. Il faut une dissolution".
Pour leur part, quatre députées du groupe Renaissance, dont l'ex-ministre Barbara Pompili, ont dit "regrett(er) l'usage d'une arme qui empêche le débat". "Au-delà, ce que nous déplorons, c'est la façon dont la nécessaire réforme des retraites a été enclenchée, tant dans le fond (mesure d'âge et répartition de l'effort) que dans la forme", avec un budget rectificatif, ont ajouté ces députées de l'aile gauche dans un communiqué, notant cependant que des mesures ont permis d'"adoucir l'effort".
"Nous appelons à un sursaut contre les extrêmes qui profitent des colères" et "nous appelons à changer de méthode: continuer à réformer, mais de façon plus apaisée", concluent ces membres du parti En Commun de Mme Pompili.
Borne "très choquée"
Elisabeth Borne s'est dite jeudi soir "très choquée" par les huées des oppositions dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, au moment où elle engageait la responsabilité de son gouvernement sur la réforme des retraites par l'article 49.3, qui permet l'adoption du texte sans vote.
"Je n'étais pas en colère. J'ai été très choquée", a déclaré sur TF1 la Première ministre. "Le Parlement, l'Assemblée nationale, c'est le lieu du débat. Si on ne veut pas s'écouter, ça traduit le fait qu'un certain nombre de groupes ne respectent pas nos institutions (...) Le chaos, le désordre ce sont les Français modestes qui en paient les conséquences".
© AFP — Elisabeth Borne L'intersyndicale appelle à une 9e journée de grèves et de manifestations
L'intersyndicale en lutte contre la réforme des retraites a appelé jeudi à "des rassemblements locaux de proximité" ce week-end, et à une neuvième journée de grèves et de manifestations le jeudi 23 mars, après la décision du gouvernement de recourir au 49.3 pour faire adopter sa réforme.
Dénonçant un passage "en force", l'intersyndicale "mesure avec gravité la responsabilité que porte l'exécutif dans la crise sociale et politique qui découle de cette décision, véritable déni de démocratie", écrit-elle dans un communiqué.
"Qui sème la misère récolte la colère"
Quelques milliers de personnes manifestaient jeudi place de la Concorde à Paris pour protester contre la réforme des retraites et le déclenchement de l'article 49.3, et des rassemblements avaient lieu dans d'autres villes de France, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Depuis le milieu de l'après-midi, des manifestants se sont rassemblés à l'appel du syndicat Solidaires place de la Concorde, non loin de l'Assemblée nationale où Elisabeth Borne a déclenché l'article 49.3.
Ils ont été rejoints peu après 16h30 par des manifestants massés près de l'Assemblée nationale et par un cortège de plus de 1.600 jeunes parti de la place de la Sorbonne, aux cris de "Emmanuel Macron, président des patrons, on vient te chercher chez toi" et "A bas le 49.3", a constaté une journaliste de l'AFP. Selon une source policière, ils étaient "quelques milliers" à Paris.
D'autres rassemblements étaient organisés en France, comme à Grenoble, où 200 à 300 personnes étaient rassemblées depuis le milieu de l'après-midi devant la préfecture. À Lyon, l'intersyndicale appelait à un rassemblement à 17h00.
© AP — Paris, France. © AFP — Paris, France. Sur des pancartes, on pouvait lire: "Qui sème la misère récolte la colère" ou encore "le printemps arrive... Et le mois de mai".
"Le 49.3 ça renforce forcément un peu la détermination", a témoigné auprès de l'AFP Ruben, 20 ans, étudiant en sciences politiques à Paris 1. "On est presque dégoûtés parce qu'on se mobilise depuis des semaines, et derrière, la seule réponse du gouvernement, c'est l'utilisation du 49.3", a-t-il dénoncé.
"Pour le CPE en 2006, la loi avait été adoptée et elle a été retirée. On est pour le retrait de la réforme", a martelé Lisa, 21 ans, étudiante en théâtre à Paris 8 et militante au Poing levé.
La question des motions de censure attise les divisions des LR
Les divisions étaient exacerbées jeudi chez les Républicains, à propos des motions de censure consécutives à l'emploi du 49.3 par le gouvernement sur la réforme des retraites. Eric Ciotti a indiqué que son parti n'en votera "aucune", mais plusieurs députés réfléchissent à les soutenir.
Le député des Alpes-Maritimes a indiqué que la position a été retenue à la suite d'un vote des députés LR. "Tous les membres qui étaient présents se sont rangés à la décision très majoritaire", a-t-il précisé.
Mais le député Aurélien Pradié, opposé à la réforme et partisan du dépôt d'une motion de censure propre à LR, a estimé dans la foulée que "chaque député reste totalement libre d'aller participer à une autre motion de censure".
Le député du Lot a expliqué n'écarter "aucune hypothèse par définition", notamment à propos d'une éventuelle motion portée par le groupe des indépendants Liot. De même, Pierre-Henri Dumont a indiqué ne pas vouloir s'associer à une motion "signée par des membres du RN ou de LFI", mais une motion Liot "se négocie, se discute", a-t-il fait valoir. Le député de la Moselle Fabien Di Filippo a pour sa part indiqué qu'"à titre personnel, (il) votera la censure".
Appel à la mobilisation à Lille
Le parti écologique EELV a lancé un appel à la mobilisation ce jeudi soir à Lille. "Mobilisons-nous dès ce soir place de la République à Lille contre cet énième passage en force d’Elisabeth Borne", a tweeté le co-secrétaire d'EELV-Lille Jérémy Williez.
Le principal parti de droite ne votera "aucune motion de censure"
Le principal parti de la droite parlementaire française a annoncé jeudi qu'il ne voterait "aucune motion de censure", après l'annonce par le gouvernement d'un passage en force, sans vote des députés, de sa réforme controversée des retraites.
"Nous ne nous associerons à aucune motion de censure et ne voterons aucune motion de censure", a prévenu jeudi Eric Ciotti, président du parti Les Républicains.
Mélenchon observe un "effondrement de la minorité présidentielle"
Selon le chef insoumis, après cet "échec spectaculaire", le mouvement social a "de bonnes chances d'avoir le dernier mot". "Nous sommes en face d'un texte pas adopté dans les formes d'une démocratie parlementaire", a-t-il insisté le chef insoumis, alors qu'un rassemblement organisé place de la Concorde gagnait de l'ampleur.
Macron en Conseil des ministres: "On ne peut pas jouer avec l'avenir du pays"
Emmanuel Macron a affirmé jeudi en Conseil des ministres qu'on ne pouvait pas "jouer avec l'avenir du pays", en justifiant le recours au 49.3 pour faire adopter sans vote sa réforme très contestée des retraites, a rapporté un participant à l'AFP.
"Il y aura un vote sur le texte. Il est prévu par nos institutions. C'est la motion de censure", a dit le chef de l'État. "On ne peut pas jouer avec l'avenir du pays", a-t-il martelé, selon ce participant. Comme l'autorise la Constitution, les oppositions ont déjà annoncé des motions de censure pour tenter de faire tomber le gouvernement et donc faire capoter la réforme.
Elisabeth Borne au 20H de TF1 jeudi soir après le 49.3
La Première ministre Elisabeth Borne sera l'invitée du journal de 20H de TF1 jeudi soir après avoir engagé la responsabilité de son gouvernement sur la réforme des retraites, a annoncé la chaîne.
Macron: "Mon intérêt politique aurait été d'aller au vote"
Selon nos confrères de BFMTV, Emmanuel Macron aurait assuré, lors du conseil des ministres qui s'est déroulé préalablement à l'usage du 49.3 par Élisabeth Borne à l'Assemblée, que son "intérêt politique aurait été d'aller au vote".
"Parmi vous tous, je ne suis pas celui qui risque sa place ou son siège. Mais je considère qu’en l’état, les risques financiers, économiques sont trop grands. Et je vous autorise donc à utiliser le 49-3", a ajouté le chef de l'État.
© ANP / EPA Laurent Berger annonce de "nouvelles mobilisations"
"Il y aura de nouvelles mobilisations" contre la réforme des retraites, a déclaré jeudi à l'AFP le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, dénonçant un "vice démocratique" après la décision du gouvernement d'activer l'arme constitutionnelle du 49.3 pour faire adopter sa réforme.
"Evidemment qu'il y aura de nouvelles mobilisations, parce que la contestation est extrêmement forte, on a déjà énormément de réactions de la part des équipes syndicales. On décidera ensemble dans une intersyndicale", qui se tiendra mercredi soir au siège de la CGT, a-t-il ajouté.
© ANP / EPA Un cortège de plus de 1.500 jeunes converge vers l'Assemblée nationale à Paris
Un cortège de plus de 1.500 jeunes se dirigeait jeudi vers l'Assemblée nationale à paris, pour protester contre le passage en force de la réforme des retraites, sans vote des députés.
Aux cris de "Eh Manu, Manu, 49.3 ou pas, ta réforme on n'en veut pas" ou encore "L'assemblée peut bien voter, la rue va le retirer", le cortège est parti du quartier de l'université de la Sorbonne, a constaté une journaliste de l'AFP.
Des représentants de plusieurs organisations de jeunesse étaient présents.
"L'objectif, c'est d'aller jusqu'à l'Assemblée nationale pour faire entendre la voix des jeunes", a déclaré à l'AFP Eléonore Schmitt, porte-parole du mouvement.
Pour Mathis Aversenq, 23 ans, membre de l'organisation d'extrême gauche NPA, "il y a une volonté du gouvernement de passer en force". Quoiqu'il se passe au Parlement, "la rue peut le défaire et va le défaire".
© AP "C'est peut-être la première fois qu'une motion de censure peut faire tomber le gouvernement"
Pour le député écologiste Julien Bayou, "c'est peut-être la première fois qu'une motion de censure peut faire tomber le gouvernement", a-t-il indiqué au micro de BFMTV.
"Ils sont prêts à mettre le pays à feu et à sang", a-t-il ajouté. "Si ça dégénère, ce sera l'entière faute du président".
© AFP La Première ministre justifie le passage sans vote
La Première ministre française Elisabeth Borne a justifié jeudi, sous les huées des députés, le passage sans vote de la très controversée réforme des retraites.
"Aujourd'hui, sur le texte du Parlement, l'incertitude plane à quelques voix près (...). On ne peut pas faire de pari sur l'avenir de nos retraites, et cette réforme est nécessaire", a justifié la Première ministre au début de la séance de l'Assemblée, confirmant le recours à l'article 49.3 de la Constitution, qui permet une adoption du texte sans vote, mais expose à une motion de censure.
© AFP Marine Le Pen annonce une motion de censure contre le gouvernement
"Nous espérons que ceux qui s'apprêtaient à voter contre cette réforme des retraites voteront cette motion de censure. En ce qui nous concerne, nous déposerons une motion et nous voterons l'intégralité des motions de censure qui seront déposées", a ajouté la présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l'Assemblée nationale, qui compte 88 députés.
La triple candidate malheureuse à la présidentielle a estimé que l'utilisation du 49.3 "est un constat d'échec total pour Emmanuel Macron", "un échec personnel" du président de la République, autant qu'un "aveu extraordinaire de faiblesse" du gouvernement.
Selon elle, Elisabeth Borne "ne peut pas rester" à Matignon. "Il faut qu'elle parte. Le fait de rester serait considéré comme une gifle supplémentaire à l'égard du peuple français", a ajouté Marine Le Pen, en considérant que la situation était celle d'une "crise politique".
© Photo News Elisabeth Borne engage sous les huées la responsabilité du gouvernement par le 49.3
Les députés de la Nupes entonnent la Marseillaise à l'arrivée de Borne dans l'hémicycle
Marseillaise chantée et panneaux "64 ans, c'est non" brandis par des députés de gauche: la séance consacrée à la réforme des retraites a démarré jeudi dans le chahut à l'Assemblée nationale, à l'arrivée d'Elisabeth Borne pour déclencher le 49.3.
Après un premier faux départ en raison d'un retard de Mme Borne, la séance a été brièvement interrompue. La Première ministre a fini par prendre la parole à la tribune, devant des députés LFI appelant à sa "démission".
La séance à l'Assemblée démarre sous les huées