"Je suis content de l'accord, mais triste du Brexit"
L'accord signifie "qu'il n'y a pas besoin de report" de la date du Brexit prévu le 31 octobre, a affirmé le président de la Commission Jean-Claude Juncker lors d'une conférence de presse commune détendue avec Boris Johnson.
"Les parlements auront le dernier mot". "Il faut concrétiser sans retard le Brexit. C'est maintenant qu'il faut réaliser cette sortie et se lancer dans les négociations sur la relation future, qui sera extrêmement positive", a-t-il affirmé, alors que le petit parti unioniste nord irlandais DUP, nécessaire à sa majorité, a déjà fait connaître son opposition à l'accord proposé.
Non sans humour, M. Juncker a fermement réclamé la parole pour conclure: "Je voulais dire que je suis content de l'accord, mais triste du Brexit".
Décisif, le DUP réaffirme qu'il votera contre le deal
Le parti unioniste nord-irlandais DUP répète en ce début d'après-midi être "dans l'incapacité de soutenir les propositions (de Boris Johnson) au Parlement". Or son feu vert est considéré comme crucial par la frange des "Brexiters", la plus radicale des Tories, qui pourrait ne pas approuver le deal si le DUP ne le soutient pas.
"Nous avons toujours maintenu que nous ne considérerons de soutenir que des arrangements allant dans le sens des intérêts économiques et constitutionnels à long terme de l'Irlande du Nord et qui protègent l'intégrité du Royaume-Uni". L'accord n'est pas, à nos yeux, bénéfique au bien-être économique de l'Irlande du Nord, et il mine l'intégrité de l'Union", tranche le DUP.
Sur le plateau de RTL, Christophe Giltay a réexpliqué le blocage possible samedi à Londres:
"Ce n'est pas ça, le Brexit"
Nigel Farage, du Parti du Brexit, s'est exprimé en vidéo en défaveur de l'accord conclu par Boris Johnson. Pour lui, les termes de l'accord ne permettent pas au Britanniques de quitter l'UE en toute sécurité et reviennent à une nouvelle série de contraintes liantes pour le Royaume-Uni:
Que contient l'accord?
Michel Barnier a évoqué les grands points de l'accord conclu entre Boris Johnson et l'UE. En voici les éléments centraux:
- la frontière entre l'Irlande du Nord (partie du Royaume-Uni, NDLR) et l'Irlande reste ouverte. Le nouvel accord prévoit que l'Irlande du Nord reste "sur papier" partie intégrante du territoire douanier britannique et suive ses règles douanières. En pratique, l'Irlande du Nord suivra les normes européennes, ce qui évitera des contrôles aux frontières. Ce projet avait déjà été rejeté en 2018 par Londres. L'UE veut des garanties que l'Irlande du Nord ne servira pas à faire passer des marchandises vers le marché unique européen. Le but est d'empêcher le Royaume-Uni de créer une sorte de "Singapour" aux portes de l'Union qui ne respecterait pas les normes de l'UE en matière sociale, fiscale et environnementale. Elle voulait aussi à tout prix maintenir la paix fragile et précieuse en Irlande du Nord.
L'Irlande du Nord reste donc alignée sur un ensemble limité de règles de l'UE, notamment celles concernant les marchandises, par exemple les règles sanitaires pour les contrôles vétérinaires, celles sur les produits agricoles ou encore le régime des aides d'État...
- Le "backstop" (clause de sauvegarde) est "aboli". Boris Johnson se réjouit que le Royaume-Uni puisse conclure des accords commerciaux avec le monde entier sans être entravé par "le backstop antidémocratique". Si le Royaume-Uni noue des traités de libre-échange avec d'autres pays, l'Irlande du Nord en bénéficiera.
- L'Irlande du Nord aura le choix de mettre un terme à l'accord prévu avec l'UE après 4 ans. Ce principe de "consent" (consentement) sera voté à la majorité simple, ce qui revient à priver les unionistes du DUP de leur veto.
- Des mesures de TVA spécifiques à l'Irlande du Nord seront d'application, selon que les marchandises qui y arriveront seront à destination de l'UE ou du Royaume-Uni. C'était le dernier point qui bloquait la conclusion d'un accord. Il concernait le taux à appliquer aux produits de première nécessité afin qu'il n'y ait pas de différences entre les taux appliqués dans la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande, a expliqué Michel Barnier. "Nous avons trouvé un mécanisme" pour permettre une cohérence des taux, a ajouté le négociateur de l'UE.
La Commission européenne publie l'accord
La commission européenne vient de publier en anglais l'accord de 64 pages tel que conclu entre les négociateurs. Lire l'accord complet
L'adoption de l'accord déjà compromise? Le risque du DUP
Le parti unioniste nord-irlandais DUP, allié au Parlement britannique des conservateurs de Boris Johnson, a réaffirmé jeudi son opposition à l'accord négocié entre Londres et l'Union européenne, rendant très incertaine son adoption par les députés. L'opposition de cette formation au compromis en préparation "reste notre position", a indiqué une source au sein du DUP.
Ce parti eurosceptique et ultraconservateur ne dispose que de dix députés. Son soutien est pourtant crucial, d'une part parce que le Premier ministre Boris Johnson n'a pas de majorité et d'autre part parce que leur feu vert était jugé clé pour convaincre la cinquantaine de "Brexiters" les plus durs du parti conservateur, réunis dans le groupe ERG.
Juncker: "Un accord équilibré"
Un accord révisé sur le Brexit a été atteint jeudi matin entre les négociateurs européens et britanniques, a indiqué le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker mais aussi le Premier ministre britannique Boris Johnson. “Là où il y a de la volonté, il y a un accord - nous en tenons un! C’est un accord équilibré et juste pour le Royaume-Uni et l’UE. Il démontre notre engagement à trouver des solutions. Je recommande au Conseil européen de l’approuver”, a tweeté M. Juncker.
Boris Johnson: "Nous avons un excellent accord"
“Nous avons un excellent nouvel accord qui reprend le contrôle”, a pour sa part tweeté le dirigeant conservateur Boris Johnson, en référence aux promesses du camp “Leave” lors du référendum de juin 2016 de reprendre le contrôle de ses lois et de sa politique commerciale. Il a appelé les députés britanniques à approuver cet accord lors d’une séance parlementaire exceptionnelle samedi.